mercredi 20 avril 2011

Pitfall Punk Hardcore ou comment j'ai bu du coca avec Anthony.


Comme j'aime bien parler de groupes que personne n'écoute et de concerts où personne ne va, je vais également parler d'un label que personne ne connait.  Interview du fondateur et membre unique de Pitfall Punk Hardcore : Anthony.

Drap-Housse :  Salut, désolée d'être venue te chercher en retard, j'ai eu un réveil difficile.
Anthony :  C'est pas grave.
Drap-Housse :  Tu aimes le coca ?
Anthony :  Oui.

Drap-Housse :  Comment tout a commencé ?
Anthony :  Tout a commencé en août 2009 : j'ai été inspiré par mes deux potes de False Idols Fall, un label de Bordeaux.  A la base j'avais créé PPH dans le but d'organiser des concerts, mais sachant que je n'ai pas beaucoup de contacts et qu'en Ile-de-France c'est galère, j'en ai fait un label.  Puis j'ai choisi un nom anglais parce que ça a plus de gueule.  Les Français aiment bien les noms anglais.

Drap-House :  Où ça en est aujourd'hui ?
Anthony : Aujourd'hui j'en suis à trois co-productions.  J'ai co-produit le dernier CD de Foolish, Back On Track, avec des labels comme Tools Records et Beer Records.  J'ai co produit avec Epidemic Records l'album Shadows and Ghosts des Italiens de Rise From The Agony, et je crois qu'avec Till de Guerilla on est les seuls à l'avoir en France.  J'ai aussi co produit Plus rien n'a d'importance de Shorter Than Fast avec des labels comme False Idols Fall et Falling Down Records.  Franchement, c'est super gratifiant de faire ça : tu aides des groupes de ta scène préférée, et en récompense y'a ton logo sur leurs disques et ton noms dans les remerciements.  Ça fait plaisir.

Drap-Housse :  Qu'est-ce que tu pourrais reprocher à cette scène ?
Anthony :  Les gens s'en foutent du punk rock, les gens s'en foutent du punk hardcore, et ceux qui s'y intéressent ne pensent pas à faire durer la scène.  Ils ne vont pas aux concerts alors que l'entrée excède rarement les 5€, ils n'achètent pas de CD alors que le prix moyen est de 8€ et ils ne vont pas chercher plus loin que les groupes et labels qu'ils connaissent déjà.  Comme je l'ai déjà dit, organiser un concert c'est très galère.  Surtout qu'en IDF y'a pas trente-six mille solutions : soit tu le fais en banlieue et y'a personne, soit tu le fais sur Paris et t'as le choix entre quelques bars minuscules et des salles plus grandes mais avec des conditions plus difficiles à remplir.  Paris, c'est galère.  La capitale du punk rock c'est Bordeaux, ils ont plein de salles et plein d'assos.

Drap-Housse :  Qu'est-ce que tu as l'intention de faire changer ?
Anthony :  Tout d'abord, j'aimerais changer la mentalité des gens.  Qu'ils s'intéressent plus à la scène, qu'ils la fassent vivre en venant plus aux petits concerts et en achetant les CD des petits groupes, qu'ils organisent eux-mêmes de concerts, créent leurs labels, participent à cet aspect DIY dont la scène punk rock peut être fière.  Plus il y aura de petits labels indépendants, plus il y aura de groupes, plus il y aura de CD, plus il y aura de concerts etc.  Ça donnera plus de chances aux petits groupes.  Ça permettra également de s'opposer à la monopolisation de la scène par les gros labels.  Oui parce qu'aujourd'hui on va avoir Fat Wreck ou Hellcat, ou encore Guerilla en France, et les petits labels n'auront aucun poids face à eux.  C'est con mais t'as envie de dire qu'ils sont trop présents.  Face à leur merch de 200 CD, toi t'es invisible avec tes pauvres 3 CD.  Après, c'est aussi parce que les gens choisissent toujours la facilité.  Par exemple, ils savent qu'il y a Le jardin des fous, donc ils n'iront que là-dessus et ne chercheront pas à savoir si quelqu'un d'autre de moins connu ne vendrait pas ces mêmes CD.  Ce qui est quasi impossible avec les gros labels comme Guerilla et très fréquent avec les petits labels, c'est les grosses co prods, les co prods où t'as cinq ou six labels qui produisent un CD.

Drap-Housse :  Des projets pour PPH ? 
Anthony :  Vendre des CD parce que sur les trois prods j'ai pas vendu des masses, aider plus de groupes, recruter une ou deux personnes (peut-être pas sur Paris, pour étendre PPH jusqu'à une autre ville comme Tcheck l'Assos qui sont passés de Lille à Lyon), organiser des concerts, faire plus de promo.  Plus de promo parce que là je vais flyer dans des disquaires et même ailleurs, mais bon dans ma ville les gens s'en branlent et à Bastille c'est pas mieux.  Je pense que je vais aller à TF1 et leur dire "Faites-moi de la pub ou je vous démonte".  Euh.  Bah voilà quoi.

Drap-Housse :  Deux mots sur la musique que t'aimes ?  
Anthony :  Comme beaucoup d'entre nous, j'ai commencé par le punk californien et j'en écoute encore aujourd'hui.  Sinon du punk rock.  Et en 2009 ça a été LA révélation : j'ai découvert le punk hardcore.  Je suis tombé sous le charme d'un son qui représentait l'énergie à l'état pur et d'une scène qui véhiculait une certaine hygiène de vie.  Une scène où il n'y a (quasiment) pas de poseurs, de gosses de riches qui se font passer pour des pauvres parce que ça fait plus "punk", pas de bagarres de mecs bourrés (forcément, puisqu'ils sont presque tous straight edge), pas de wesh qui viennent chercher la merde aux concerts... en même temps venir chercher la merde à une montagne de muscles pleine de tatouages, faut le faire.  Le punk hardcore vaut vraiment la peine d'être écouté et apprécié.

Et après on a regardé des vidéos de mosh à des concerts de hardcore. 


On portait le même t-shirt !